La langue kabyle est le dialecte berbère parlé par le plus grand nombre de berbérophones en Algérie [cf. BERBÈRES] . Dans les montagnes on ne connaît pas d'autre mode d'expression quotidien, et dans les villes comme Alger, Constantine, Sétif, Béjaia et Annaba, peuplées pour moitié de Kabyles, elle est employée au foyer et accessoirement dans la rue. Mais elle n'est ni écrite ni enseignée. Jusqu'à la seconde moitié du XIXe siècle, aucun Kabyle ne s'y intéressa sérieusement. Ce sont les Européens qui, les premiers, lui accordèrent quelque intérêt : d'abord des militaires intéressés ou désœuvrés ou des diplomates curieux, puis des linguistes, rarement, hélas ! des hommes de lettres. C'est grâce à leurs travaux et à ceux de quelques pionniers kabyles qu'un travail sur la littérature kabyle est devenu possible.
Essentiellement orale encore, la littérature kabyle est représentée par deux genres majeurs : la poésie et le conte. L'une et l'autre se transmettent dans une langue sensiblement différente de la quotidienne, archaïque par certains côtés, à la pointe du modernisme par d'autres, ce qui lui donne un cachet littéraire sans constituer un obstacle à sa compréhension par tous les Kabyles. Plus consciente, cependant, la poésie semble avoir le pas sur le conte qui n'a pas encore débouché sur la prose artistique ; en cela la littérature kabyle confirme cette loi de l'histoire littéraire : toute littérature commence par la poésie.
source:
Universalis